Nichée au cœur des pins à Capbreton, l’association API’Up modernise l’upcycling et bouscule les habitudes de consommation. Bien plus qu’une fabrique de mobilier, c’est un véritable éco système circulaire qui permet de concevoir des meubles haut de gamme tout en apportant un service de traitement des déchets et une aide à l’insertion des personnes en difficulté. Rencontre avec Valérie Fernani, directrice de l’association, pour découvrir les secrets de réussite d’API’UP !
Qu’est-ce qui se cache derrière API’UP ?
Nous avons créé l’association en 2012 pour faire de l’upcycling industriel. Aujourd’hui, il y a 28 salariés. Concrètement, nous récupérons des meubles usagers ou des bois issus de l’industrie de deuxième transformation afin de recréer de nouvelles matières. Celles-ci nous permettent de fabriquer des meubles haut de gamme en série grâce à un processus de standardisation.
Y a-t-il une équipe de designers interne ?
Nous faisons appel à des partenaires extérieurs car nous avons constaté dans les premières années d’activité que l’intégration du design dans l’équipe présentée des risques de non renouvellement et de lassitude. Depuis 2018, nous avons opté pour une autre stratégie en travaillant main dans la main avec plusieurs créateurs.
Comment sélectionnez-vous les matériaux ?
En amont de notre activité de fabrication de meubles, nous avons développé un service professionnel de collecte et de gestion des déchets. Cela nous permet d’être certains de récupérer des matières utiles pour l’upcycling industriel et nous assure un approvisionnement régulier ! A noter que les matériaux non transformés par nos soins sont envoyés auprès de partenaires pour qu’ils soient recyclés : le papier part au Mans, tandis que le carton trouve une seconde vie dans le Pays Basque espagnol.
Comment intégrez-vous ces matières dans le mobilier upcyclé ?
A partir des déchets des entreprises, nous sélectionnons les matières que nous pouvons revaloriser. Entre la matière et le meuble, il y a recréation d’une nouvelle matière ! Pour le bois, c’est notamment la recréation de panneaux de bois. Quant au cuir et aux matières textiles, leur transformation permet de concevoir des panneaux et des objets en utilisant notamment des liants écologiques.
Quels sont les critères pour assurer une démarche éco responsable ?
On se base sur le principe de l’économie circulaire pour choisir exclusivement des matières vouées à être détruites sans notre intervention. De notre point de vue, on ne peut pas parler d’économie circulaire quand les matières pourraient être valorisées plus simplement, soit parce qu’une filière existe pour un recyclage performant et respectueux de l’environnement, soit parce qu’une valorisation plus simple est envisageable. C’est le cas de beaucoup de co-produits agricoles qui pourrait être utilisés en agriculture ! Nous nous étions également interrogés sur les gisements d’éléments métalliques. Encore une fois, le métal est aujourd’hui recyclé à 100 %, donc nous n’aurions pas pu apporter de plus-value, quelque soit l’aspect esthétique de nos créations. A l’inverse, le bois usagé ou les rebuts industriels de bois, de cuir et de textile seraient incinérés sans notre intervention.
A quelle échelle produisez-vous ?
Nous produisons un millier de pièces par an soit en moyenne entre 80 et 100 pièces par mois. Les chiffres sont variables suivant la dimension et la complexité du mobilier. Si nos meubles sont faits pour durer dans le temps, nous faisons également en sorte de pouvoir les récupérer en fin de vie.
Comment voyez-vous l’avenir d’API’UP et de l’upcycling ?
Nous avons commencé par le gisement de bois mais nous allons développer d’autres matières et lancer une seconde marque. Celle-ci intègrera des nouvelles matières à partir de cuirs et de textiles pour des applications acoustiques et rigides dans un premier temps, et souples par la suite. L’idée est d’illustrer la notion de confort grâce à des panneaux et des formes souples pouvant être utilisées sur des assises, par exemple pour poser son bras ou son coude lorsque l’on travaille face à un ordinateur. Cette seconde marque s’inscrit dans une stratégie permettant d’assurer la pérennité d’API’UP !
Comment se concrétise la mission solidaire d’API’UP ?
Nous accueillons des personnes présentant des freins à l’emploi, jeunes sans diplôme, personnes ayant connu des plans sociaux, etc…. Notre but est de leur proposer de reprendre une activité professionnelle parmi nous et de travailler sur leur propre projet professionnel pour leur assurer un avenir durable.
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